ACTION !
Les mémoires de Jean-Devaivre, écrites entre 1961 et 1996
.. finalement publiées en 2002 (Editions Nicolas Philippe)
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Les mémoires de Jean-Devaivre, écrites entre 1961 et 1996
.. finalement publiées en 2002 (Editions Nicolas Philippe)
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Mûri et écrit entre 1961 et les années 90, ce ‘récit d’une vie’ relate toute la période d’activité de Jean-Devaivre, depuis la toute première marche de sa carrière dans le cinéma où, après des études aux Beaux-Arts et une formation à l’architecture, mais aussi des études techniques, il entre à 21 ans à la CFC, Compagnie Française Cinématographique, le récit de sa vie d’officier, puis de résistant, celle de décorateur, puis assistant-réalisateur juste avant la 2e Guerre, celle de créateur, de scénariste, de réalisateur d’œuvres majeures comme la Ferme des Sept Péchés, ou d’œuvres plus grand public comme les deux ‘Caroline Chérie’, sa vie de passionné de techniques cinématographiques, notamment dans l’Union Soviétique des années 60, son amitié avec Erich von Stroheim…
Rédigées sous la forme d’une succession de scénarios, au fil des aventures qui ont marqué la vie de Jean-Devaivre : une écriture en technique cinématographique, comme une série de « continuités dialoguées » – actions /dialogues / décors -, selon l’esprit et la méthode de travail et de création qui ont été les siens durant toutes ces années.
Quasiment du « prêt à tourner » – et d’aucuns ne se sont pas privés de l’utiliser, sans aucune référence à leur source, en reprenant intégralement séquences et scènes des 140 pages concernant la période de l’occupation et de la guerre et toute l’action de JDV, à la fois officielle d’assistant-réalisateur et clandestine de résistant entre 1942 et 1944.
Terminées d’écriture en 1996, les mémoires de Devaivre sont d’abord prévues et annoncées, – et aussi préfacées ( !!) …- , pour publication chez Actes Sud, dans la collection dirigée par l’Institut Lumière .
Puis elles sont déprogrammées, effacées, plus vraiment nécessaires, et soudain, déniées d’écriture et d’existence ..
Les mémoires, pourtant préfacées et commentées par B. Tavernier, le célèbre confrère , ‘ami’ et ‘protecteur’ de Jean-Devaivre, qui l’a fait revivre dans Laissez-Passer, soudain ne vont plus exister (.. on expliquera comment plus loin) – par spoliation et déni d’auteur organisés, déni et spoliation d’autant plus mortifères , – au sens propre-, cette trahison contribuera largement à la mort de JDV – , que le forfait vient d’un confrère et d’un ami.
Proposées ensuite en 2000 à Fayard, qui d’abord s’enthousiasme, et ne tarit pas d’éloges, puis soudain fait volte-face, et se désiste brutalement,. sous quelles pressions ? les mémoires en 2000 et 2001 ne paraissent toujours pas.
Finalement c’est la toute jeune et libre maison d’édition Nicolas Philippe, qui insensible aux pressions, va publier « Action » au printemps 2002, 588 pages de mémoires sur la période 1930-1970 : avec une préface du journaliste et écrivain Jean Kehayan, rencontré brièvement en 1975, lors de la sortie de « Rue du prolétaire rouge », qui fit alors grand bruit. Avec aussi une postface sensible de Serge Bromberg, – celui que JDV appelait son ’ami de trente ans’ – lui avait 30 ans quand Jean-Devaivre en avait 80 -. C’est Serge qui a restauré deux de ses films dans les années 90, et qui vient d’en ressortir cinq en DVD en cette année 2020, restaurés et totalement remastérisés par sa société Lobster.
… Jean-Devaivre
mû par le 9ème sens,
l’esprit de la résistance ….
Lire et télécharger la préface
de Jean KEHAYAN
journaliste, écrivain
Les Mémoires de Jean-Devaivre, cinéaste et résistant : … mémoires des années fastes du 7e art, des amitiés de maquis, et des amitiés tout court , des coulisses du cinéma, des dessous de la guerre froide, .. des succès .. et aussi des luttes et des désillusions de celui que décrit Serge Bromberg en 2002 « …Fidèle et tenace, travailleur et inventeur, héroïque et modeste, fou et trop raisonnable à la fois, Jean-Devaivre aura jusqu’à aujourd’hui su rester ce qui pour moi compte le plus au monde : un homme libre … »
En juillet 2002, Antoine de Baecque analyse ainsi l’ouvrage de Devaivre sous le titre « Devaivre de vive voix » dans l’article que Libération consacre à la parution de « Action ! », Autobiographie allègre et stylée du cinéaste-résistant : « On comprend que Bertrand Tavernier en ait fait un film : le récit est épatant, quarante ans d’une carrière à rebondissements. Ce fut « Laissez-passer », sorti en janvier dernier, adaptation du cœur de cette autobiographie, la période de l’Occupation, entre 1940 et 1944, avec Jacques Gamblin dans le rôle du héros, alias Jean Devaivre, réalisateur méconnu, passé par tous les métiers du cinéma, monteur, décorateur, scénariste, assistant, metteur en scène, et même résistant puis maquisard à ses heures. .. [..] .. 600 pages parues chez l’éditeur Nicolas Philippe après avoir été prises et bloquées quelque temps dans la collection dirigée par Tavernier, chez Actes Sud, puis chez Fayard, qui s’en délesta au moment de la tumultueuse sortie du film. 274 tableaux de mots, de quelques lignes à quelques pages, tracés entre mars 1961 et avril dernier, composent ce récit. C’est précis comme un souvenir, écrit avec une élégante fluidité, généreux, vif.
On y trouve des obscurs, des sans-grades, des puissants, des vedettes, distribués entre rôles principaux ou figurations de passage, et 16 pages de photos où Jean Devaivre fait le poirier, du vélo, du cheval, de la moto, de l’avion, de l’auto, de l’hélico, encore du cheval, et le rigolo. Car Devaivre est un modeste : cette vie d’action, il ne l’impose pas comme un Narcisse, mais la reçoit comme une chance, la raconte comme autant de friandises, donnant autant d’importance à un monteur, un décorateur, un maquisard, un technicien, qui lui ont tous appris le métier, qu’à Jean Cocteau qui disait «vous êtes un anti-cours de l’IDHEC», Martine Carol lui trouvant «une peau magnifique», ou au général de Gaulle lui promettant de «lire [ses] scénarios».
Erich von Stroheim, Pierre Fresnay, Jean Vilar, Rosy Varte, Paul Meurisse, Pierre Renoir, Jean-Claude Pascal, Martine Carol, Jean Tissier, Junie Astor, Pierre Palau, Brigitte Bardot, Jacques Dufilho, Albert Dinan, Brigitte Auber, Jacques Dumesnil, Claude Génia .. et bien d’autres vont tourner sous la direction de Jean-Devaivre.
Il découvrira et ouvrira aussi au 7e art de petits rôles, appelés à devenir grands : Michel Galabru, Georges Descrières, Marcel Bozzuffi ..
« Action ! Ce livre est le récit de l’apprentissage et de la carrière d’un cinéaste sincère, et l’affiche est alléchante. Dans les rôles principaux, de Pierre Fresnay, le premier Monstre Sacré, à Eric Von Stroheim, intransigeant et généreux, on croise pêle-mêle Georges Méliès ou Louis Lumière, le Colonel de Gaulle et Michel Debré, André Malraux ou Marcel Griaule, Henri Diamant-Berger, Federico Fellini ou Orson Welles… » (Serge Bromberg– Postface)
« Tout ce que ce pays a compté de noms honorables pendant trois décennies va défiler dans les pages qui suivent. Avec aussi le sentiment que la science cinématographique serait bien peu de choses sans la conscience de l’homme » (Jean Kehayan– préface)
Les pages de ce site www.jean-devaivre.com sont issues de ces mémoires, telles que publiées en 2002, et aussi dans leur version manuscrite initiale et exhaustive (le manuscrit initial faisait plus de 800 pages) ainsi que de documents d’archives, familiales et autres .
Depuis 1961, et d’abord lors de sa « période soviétique » , Jean-Devaivre écrit ses mémoires, et il en termine la rédaction dans les années 1990.
Contacté par l’Institut Lumière et B. Tavernier en 1994, – l’histoire aura commencé en chantant et par une redécouverte amicale du cinéaste, alors oublié, et dont on organise la diffusion de deux des films -, Devaivre est d’abord heureux de cette redécouverte.,
Il ne le sait pas encore, mais il va subir l’un des pires coups que peut subir un créateur, et particulièrement un créateur vieillissant, le déni et la spoliation de sa création intellectuelle, la spoliation de ses mémoires et de ses écrits, le déni de sa capacité et de sa réalité d’auteur.
Au-delà d’un détournement de droits d’auteurs, et d’une atteinte à la propriété intellectuelle, relativement fréquents dit-on, dans la profession du cinéma en France, c’est pire encore une atteinte mortelle à sa vie et à sa capacité d’auteur – lui l’auteur, certes 88 ans alors -, de 10 films français dont l’un a eu le Grand Prix de Locarno, de plus de 40 scénarios et adaptations.. Et venant de surcroît de la part d’un confrère, qui s’est dit, et largement proclamé, son ami et son redécouvreur. Le coup sera de facto mortel.
Début 1996 JDV confie son manuscrit à B. Tavernier : des allers et retours auront lieu, pour l’annonce et même le maquettage du futur livre , formellement annoncé pour parution en juin 1996 aux éditions Actes Sud dans la collection consacrée au cinéma et dirigée par Tavernier.
Celui-ci sera allé jusqu’à préfacer l’ouvrage, alors prévu pour parution sous le titre « Quel métier de chien ! ». Il est enthousiaste, élabore et signe une préface élogieuse « Tous les métiers du monde » … Puis silence…
Annoncé d’abord en 1996, le livre va se trouver retardé ; en 1998-99, il est déprogrammé, puis carrément empêché de parution .
En même temps, Tavernier demande à Devaivre qu’il lui communique aussi un ancien manuscrit, écrit par JDV au sortir de la guerre, « J’étais un maquis », dont Devaivre lui avait parlé, – il avait voulu le transformer en scénario et le tourner dans les années 80. Sans réussir. JDV communique ses documents, toujours en confiance.
Début 2000 : c’est l’époque du début de gros ennuis de santé pour Devaivre, qui a 88 ans : sa femme tombe gravement malade, doit etre hospitalisée. A lui, on découvre un cancer déjà avancé. Opérations, hospitalisations, chirurgies, chimiothérapies, radiothérapies, la chaîne infernale du cancer est là, et Devaivre s’affaiblit.
Sans qu’il ne comprenne au début tout le processus qui s’est enclenché, la spoliation de ses écrits commence alors de s’organiser : il n’est plus question de publication de ses mémoires à Actes Sud. « Plus tard, pas opportun en ce moment, on verra … ».
D’ailleurs Tavernier prépare un simple documentaire sur le cinéma sous l’occupation, qui s’appuiera sur sa vie à lui, Devaivre. On verra après, peut-être. Le documentaire va en fait se transformer en long métrage, à gros budget pour grosse notoriété, mais cela, Jean-Devaivre ne le sait pas encore …
(Lire la suite...)NB : Il semble que cette pratique de la spoliation intellectuelle soit plus fréquente qu’on ne croit, et plus fréquente en France qu’aux USA, où le droit des auteurs serait mieux reconnu.
Dans les milieux bien informés, il circule aussi des rumeurs, ou plus, sur le même type de mésaventures, mésaventures mortelles, de détournement et de spoliation arrivées à des créateurs eux aussi en fin de piste, vieillissants, et souvent en apparent hommage à leur œuvre : l’un, désespéré d’une telle trahison, se serait suicidé après ce déni qui l’embaumait comme objet, pas comme auteur ; un autre se serait laissé mourir peu de temps après une similaire spoliation en déni de création.
Dans le cas de la spoliation Devaivre, en 2000-2001, JDV ne s’est pas laissé faire. Son courage n’aura pas été vain, et la bataille certes mortelle qu’il a livrée a abouti de facto, au moins dans la profession cinématographique, à la reconnaissance de son œuvre, comme œuvre originale source du film Laissez-Passer, comme en témoignent les mentions et la présentation du film Laissez Passer, comme du réalisateur Jean-Devaivre, sur le site professionnel UNIFRANCE – association reconnue et soutenue par le CNC pour la promotion et l’exportation des films Français.